mercredi 18 août 2021

Culture du viol

Longue discussion avec un ami. Il me révèle qu'il a été victime d'un viol qui ne disait pas son nom, il y a quelques années à peine. Un homme mur de ses connaissances de réseaux et de réalité avec qui, pourtant, il avait une relation saine et constructive. Lors d'un week-end de retrouvailles, l'ami se retrouve enfilé jusqu'à la garde sans aucune préparation physique, brutalement,  entre deux portes. Une proie. Au choc moral s'ajoutent des séquelles anales qu'on peut aisément imaginer.
C'est un viol oui, mais il a encore du mal à poser le terme sur cet acte et il est passé par toutes les phases qu'expérimentent les victimes. Il doit faire lui-même son chemin vers la résilience mais cette histoire, courte et brutale, rappelle combien notre milieu peut-être hostile à ses propres membres, combien nous avons un problème avec la sexualité. 
Ce problème remonte à l'éducation que les garçons reçoivent dans une société encore patriarcale. Bien qu'homos, beaucoup reproduisent le schéma du chasseur, de la capture, de la possession. La notion de consentement reste floue, brouillée par des habitudes sexuelles souvent constituées d'expédients (les applis de baise, les labyrinthes, les fourrés enchantés, les "plans"...). Pourquoi ne pas défoncer le petit cul qui furète dans le noir d'une cave? Après-tout, n'est-il pas là pour ça?
Justement non. Il cherche peut-être autre chose. S'encanailler, se faire pénétrer certes, mais après les précautions d'usage. S'emparer ne veut pas dire casser, blesser. Il faut pour ça être sûr de ce que l'autre désire vraiment et le travail est énorme.
Trop de gays ont une sexualité destructrice d'eux-mêmes et des autres. Une sexualité de compétiteurs, excluante, ségrégationniste même. Une sexualité de consommateurs désespérés de devoir vieillir un jour, ne plus bander sur commande... C'est effrayant de lire tout ce qui peut s'échanger ici et là, tous les traumatismes vécus, tous les complexes nés d'une violence en matière de rapports intimes.
Cela fait partie des choses que nous devons réformer individuellement et collectivement afin de tenter de vivre mieux. Le sexe doit rester positif, constructif, gourmand voire même amoureux et sentimental (ça n'est pas un gros mot). Un champ d'expression et d'explorations partagé avec des partenaires consentants, formés et volontaires. Il n'y a pas d'autre alternative.

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